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Sous les apparences,
20 avril 2013

366/96 - Aujourd'hui (19 avril), mains touchées

La journée d'hier fait partie de ces journées qui te laissent serpillière dès 17 heures, ton cerveau refusant de continuer à carburer. Même si ça m'arrive globalement assez rarement eu égard à mon rythme de vie, à chaque fois, une grande incompréhension m'envahit.

La journée d'hier fut riche de moments forts.

La veille, la secrétaire m'annonce que la famille d'une ancienne résidente (ayant quitté l'établissement en septembre 2011 pour se rapprocher du lieu de vie de son mari) souhaite un rendez-vous. L'autre fille de cette résidente m'ayant appelée un mois plus tôt pour m'annoncer le décès de ma maman, j'étais très interrogative quant au motif de ce rendez-vous.
Elle est donc arrivée à 11h45, et sans attendre que la secrétaire ne m'appelle pour me prévenir, elle a déboulé dans mon bureau : ounch, ça commençait fort. Elle a pris place autour de la table ronde, avant même que je n'aie le temps de lui proposer de s'asseoir. Je l'ai rejointe et dès lors, elle a saisi mes mains, me remerciant de ces six mois de vie de sa maman passés entre nos murs et me louant l'humanité qui transpirait de notre accompagnement et de nos murs, de ma disponibilité, et de la chance qu'avaient les familles (et les résidents) que je connaisse chacun personnellement, et qu'elle avait, justement, pris totalement conscience de cette différence en comparant, après le décès de sa maman, les six mois chez nous et l'année et demie ailleurs, le tout en pleurant et en reniflant.

Lorsqu'elle a lâché mes mains, elle les a plongées dans une poche pour en extraire un grand patchwork, réalisé de ses mains, pour nous l'offrir afin de décorer nos murs.

Il est des moments ainsi dans ma vie professionnelle qui me laissent par terre, incrédule et quasiment confuse.

Longtemps après son départ, je m'interrogeais encore sur le pourquoi du comment tant notre accompagnement, certes humaniste, me paraît être juste le minimum vital d'une structure telle que la nôtre.

Puis à 13H45, les IDE m'interpellent pour me dire que la direction générale a laissé trois messages sur mon portable d'astreinte et qu'il semble y avoir urgence à ce que je les rappelle.
Le choc !
Alors que je devais donner ma réponse quant à leur proposition à mon retour de vacances, voilà qu'il leur faut la réponse avant 17 heures pour une sombre histoire d'édition d'organigramme. Coup de massue, panique totale et générale à bord, et personne pour me tenir la main... J'invite la psychologue à venir échanger autour de ce projet avec moi, j'appelle ma collègue responsable d'un autre établissement (qui va passer directrice) et telles des mains touchées, lentement, je commence à me projeter : puis-je refuser une telle proposition qui inscrit une ligne intéressante sur mon CV pour la suite ? De la coordination, de la prise de hauteur, des espaces ailleurs pour souffler... bon, avec une kyrielle d'emmerdements eu égard à la personnalité totalement tortueuse (pour ne pas dire franchement déjantée) de la responsable actuellement en place.

A 16H45, ma décision est prise : ce sera oui, à quatre conditions.
A 16H50, j'appelle le DGA et je lui énonce ces quatre conditions. Il les valide.
A 17 H, j'ai trois services et deux établissements sous ma direction et je suis une serpillière.
A 17h27, mon portable sonne pour un rendez-vous, une heure plus tard, au Vertigo. Un vertige m'étreint, je ne réponds pas.
A 17h30, je descends en salle de pause me détendre cinq minutes. Les salariés voient ma mine délavée.
A 17h45, j'envoie un sms disant "OK"
A 18h10, je quitte mon bureau pour la première fois aussi tôt depuis des semaines...
A 18h15, je sors de la structure après avoir été alpaguée par trois familles à qui j'ai prétexté un rendez-vous à 18h30 pour me sortir de leurs griffes (je n'ai pas menti...)
A 18h25, j'arrive en voiture à sa droite et il me laisse le passage avec un sourire. Beau présage ?
A 18h26, nous nous faisons face sur ce parking, sans être capables ni de nous embrasser, ni de nous toucher pour nous dire bonjour.
A 19h30, nous sourions en sortant du Vertigo lorsque A nous souhaite, par erreur (?) une bonne nuit qui nous fait bien sourire...
A 19h31, ses lèvres frôlent ma tempe et sa main gauche pose ma tête sur son épaule, d'un geste ferme et immensément tendre. Il me demande que nous nous voyions dimanche, juste le temps d'un bisou.
A 19h32, mon portable sonne et nous poursuivons la discussion sur la route de nos foyers respectifs.
A 21H54, je lui adresse un sms de bonne nuit.
A 22H50, je reçois un sms doux, me souhaitant une bonne nuit. Je ne l'entends pas, je dors déjà.

Nos mains ne se sont pas touchées hier soir, juste nos petits doigts droits...

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Commentaires
D
OK avec Blanche... C'est pas bien de téléphoner en conduisant!
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B
Qu'est-ce qu'on fait ? On te jette des pierres ? <br /> <br /> Tu adores ces hauts et ces bas, et ne dit pas non. Tu n'es pas faite pour une passion stable mais terne à ton goût.
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