Départ 5 - The end...
Je suis sûre que je vous ai déjà parlé de lui. J'ai beau parcourir les posts en diagonale, je n'arrive pas à retrouver où, mais pourtant, je suis sûre mordicus que j'ai fait un post, déjà.
Donc, en résumé, il s'appelle Patrick, et c'est l'un des premiers que j'ai embauchés il y a vingt ans... Un contrat d'apprentissage. Deux ans, échec au CAP. Troisième année, renouvellement du contrat, échec au CAP. Quatrième tentative, contrat de qualif chez les compagnons, échec au CAP. Un gamin adorable, plein de bonne volonté, un état d'esprit hors du commun, mais manifestement pas doué ! Que faire ?
Il végète un an ou deux sur le chantier, une idée lumineuse. Je lui propose une formation de grutier, après une longue discussion où je lui explique qu'il ne sera jamais un bon maçon, qu'il n'a pas d'avenir dans ce métier. Il accepte.
Aujourd'hui, c'est notre meilleur grutier, et il a conservé sa disponibilité et son état d'esprit exceptionnel. Un grutier est l'homme clé du chantier ! Il est absent un matin, quinze mecs tournent en rond et la journée est perdue. Il n'a jamais été absent sans prévenir à l'avance, et même en congé, ou RTT, si on l'appelle car celui qui le remplace a un problème, dans la mesure du possible il est toujours revenu dare-dare. Il a fait, de fait, tous nos chantiers phares, il a toujours pris les grues les plus hautes !
C'est marrant de l'avoir vu évoluer ainsi... professionnellement d'abord, puis personnellement... Se marier d'abord, puis construire sa maison et enfin, l'arrivée de sa petite L... qui va faire sa rentrée en septembre. Sa femme a arrêté de travailler (elle était ouvrière dans la porcelaine) lorsque l'enfant s'est annoncée...
Il a évidemment fait partie des premiers à m'envoyer un chèque de 5000 francs (un mois de salaire, pour lui, à l'époque, quand même) pour entrer au capital dès que j'ai émis l'idée de la création de l'entreprise, et s'il y en a bien un pour lequel je suis plus que contente d'avoir réussi, c'est bien lui puisqu'il a touché, l'an dernier, lors de la vente de ses parts, un chèque de 25 000 euros, soit largement plus d'un an de salaire, ce qui, pour un jeune couple a dû mettre un peu de beurre dans les épinards.
Donc, hier soir, alors que nous discutions dans la piscine avec MParfait, celui-ci me dit "t'as pris le courrier aujourd'hui" ? Et je n'avais pas pris le courrier... Et alors que je discutais au téléphone avec Valérie, l'autre limougeaude du CAFDES (yeux au ciel, un peu d'humanité dans ce groupe, elle m'a appelée hier soir !!!), MParfait arrive en me disant "tu as reçu un colis"...
Et ce colis, c'était un bon d'achat chez Marionnaud, avec ce message...
J'ai le coeur qui s'est accéléré et des frissons qui m'ont parcourue ! Je l'ai évidemment appelé... et nous avons pleuré de concert au téléphone !
Et de Cinq... On va essayer de s'en tenir là...
Et pour l'heure, je pars passer la journée avec mon Pierre, du côté de Vassivière. Trop dure la vie des nanas en préavis...
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