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Sous les apparences,
19 mars 2013

366/65 - Aujourd'hui, une belle image

En prévision de la semaine Alzheimer 2012, j’avais eu l’idée de faire un partenariat avec une association libre de photographes amateurs pour réaliser une expo « Visages d’une vie » à deux visées :

La première, démontrer que l’on peut être non seulement vieux, voire très vieux et dément, voire très dément, l’Homme ou la Femme continue à être beau, à exprimer mille choses par son regard, son expression et en résumé, à respirer la vie.

La seconde, faire entrer de la vie, justement, dans cet établissement pour « déconfiner » ce que sont devenus nos structures qui accueillent des Vieux. Aujourd’hui, lorsque les médias parlent des maisons de retraite, c’est uniquement lorsqu’un de nos collègues renvoie l’un de ses résidents chez ses enfants qui, médecins tous les deux, n’ont pas payé 44 000 euros de frais d’hébergement… ou lorsqu’un dément très avancé meurt au terme d’une escapade (c’est une honte, c’est inadmissible, mais dans le même temps, c’est le rapporteur des prisons qui veut d’occuper de la liberté d’aller et venir en maison de retraite, c’est pas un poil choquant ?), ou pire encore, lorsque des actes de maltraitance, souvent institutionnalisée par manque de moyens et de personnel, donc de temps, sont commis par laisser aller ou négligence, plus que par intention de nuire à proprement parler. Attention, ne vous méprenez pas dans mes propos, je n’excuse pas, je n’exonère pas, bien bien loin de là mais je voudrais juste, une fois, que nos financeurs viennent deux jours, juste deux jours, aux côtés des aides-soignants et des auxiliaires de vie dans un établissement comme le nôtre.

Donc, on ne parle jamais en d’autres termes des maisons de retraite qui sont devenues au fil des ans des EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) et qui, aujourd’hui, virent tous en USLD (unités de soins longue durée) eu égard à la dépendance du public que nous accueillons, sans moyens de le faire correctement. On ne parle jamais des trésors d’imagination et de patience que déploie le personnel au quotidien qui pour faire accepter une toilette refusée, qui pour s’engouffrer dans un délire d’un résidents en proie à une crise hallucinatoire, qui pour faire avaler une gorgée d’eau à un résident qui craint l’empoisonnement à tout moment…

Donc, hier soir, en partant, 21H45 tout de même, je passais devant l’une de ces toiles qui décorent les murs du premier étage et je suis restée scotchée quelques minutes. Quatre toiles : sur trois d’entre elles, tous les résidents sont encore là ; sur l’une d’elle, quatre résidents sont morts.

J’ai donc fait un petit arrêt sur ces quatre visages, souriants, sereins, espiègle pour l’un d’eux et j’ai pensé que c’était une belle image, vraiment une belle image…

J’aime désespérément ce que je fais, au cas où vous ne l’auriez pas compris.

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Commentaires
R
"Oui mais toi, au fond de toi, t'as envie de quoi ?"<br /> <br /> Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait purement fortuite et involontaire :)
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D
<3
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