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Sous les apparences,
14 avril 2013

366/88 - Aujourd'hui (11 avril), moment professionnel

Alors là, c'est un challenge que de n'en choisir qu'un et un seul parmi la richesse de tous ces moments que je vis.

Travailler avec les personnes âgées démentes est un choix, assumé et revendiqué. Pourquoi ? Parce que sous leur incohérence se cache bien plus de cohérence qu'un non averti peut l'imaginer, au grand désespoir parfois des familles qui ne sont pas préparées à rencontrer une "nouvelle" personne, même si celle-ci n'est que la vraie que les conventions sociales masquaient jusqu'alors...

Vendredi dernier nous avons affronté, en équipe (médecin co, cadre de santé, psychologue, infirmier, AS) deux familles. Deux rencontres différentes pour deux familles très en souffrance.

Première famille, un frère et une soeur (en l'absence du troisième frère) pour un couple que nous accueillons depuis septembre. Madame est démente mais pas Monsieur et pourtant, c'est l'accompagnement de Monsieur qui nous pose problème. Dépression hostile a conclu, rapidement, un psychiatre venu le consulter, sous couvert d'un échange à propos de Madame. Un moment intime et excessivement fort dont nous sommes ressortis, nous professionnels, encore un peu plus humbles. Soupir, les secrets de famille ! N'est-il pas dingue que ce soit nous, professionnels, qui apprenions des pans de vie de leurs parents à des enfants ????

Deuxième famille, deux soeurs (dont l'une est médecin) que nous avons également reçues dans le même contexte. Le mal-être des enfants est palpable face au syndrome "tatie Danielle" de leur mère, une petite dame claironnant toute l'importance qu'elle attache à sa liberté, et à la philosophie de son choix de vie. J'ai une "tendresse" particulièrement pour ces deux soeurs qui ont versé des hectolitres de larmes dans mon bureau, en n'y pleurant pourtant que bien rarement. Nous ne réussissons pas à percevoir ce qui se joue dans le rapport entre Madame et ses deux filles (et plus particulièrement l'aînée) mais, morceau choisi :
- Madame : alors, que deviens-tu, comment va ton mari ?
- Fille aînée : Mais maman, tu sais bien que c'est Nanou qui est mariée, que moi je n'ai pas de compagnon
- Madame : Evidemment que je le sais, et c'est bien pour ça que je te le dis...

Alors on pourrait mettre ça sous le coup de l'incohérence de Madame, sauf que compte tenu du sourire narquois qui apparaît au même moment sur son visage, non, ce n'est pas de l'incohérence, mais bien une façon de faire payer quelque chose à sa fille... qui, pour le coup, s'écroule un peu plus encore...

Ces moments, nombreux et riches, où notre cerveau frôle des dimensions inconnues de nous, me font dépasser les emmerdements liés à l'aide soignante qui se massacre le doigt en faisant sa vaisselle du dimanche midi et qui, pour le coup, ne peut prendre son poste à 13H40, UN DIMANCHE déjà à flux plus que tendu...

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