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Sous les apparences,
15 septembre 2022

Automne - 9 ou les jours d'après

La nuit fut courte, tumultueuse et agitée. J'aurais donné cher pour être seule dans ce lit, pour ne pmias avoir à rendre de compte sur cette nuit si compliquée. Je savais que les jours à venir n'allaient pas être drôles, je savais que j'allais devoir affronter mon avenir, comme je savais que j'allais également devoir faire face à mon passé, et pas uniquement le mien.

Je me suis levée la première tant rester au lit et attendre que les heures passent m'était insupportable et lorsque ma mère s'est levée, la nausée m'a prise à nouveau.

Ce premier jour de la semaine de congés était destiné à trier et vider ce capharnaüm qui encombrait le bureau devenu au fil du temps arrière-cuisine afin de le muer en chambre, pour le cas où. Ma mère était évidemment férocement opposée au projet, pas plus qu'elle ne coopérait à celui d'aménager la salle de bain afin d'anticiper sa prochaine dépendance. 
Je n'oublirai jamais son regard sombre et méchants, ses bras croisés et sa moue au fur et à mesure que nous triions les choses. Trois orientations :
- on garde pour remettre dans la cuisine, parce que c'est utile ;
- on garde mais on déplace à la cave parce qu'on ne s'en sert (et ne s'en servira jamais, mais jeter étant au dessus de ses forces, il fallait accepter quelques concessions...)
- on jette car c'est inutilisable, et ça aurait dû être jeté depuis longtemps...

Ces trois jours, harassants, qu'aura duré le vidage de cette pièce ont été terribles. Terribles car, d'une part, j'avais l'impression de "voler l'intimité" de ma mère, et plus globalement de mes parents en fouillant dans les placards, vidant les tiroirs, retrouvant des trucs de ma plus tendre enfance... et d'autre part, car ma mère était infecte. Elle était assise à côté de la fenêtre, face à la porte de cette pièce, et scrutait chacune de nos allées et venues, commentant, dans sa barbe, chacune de nos décisions sans ne jamais répondre à notre interrogation systématique de "et ça, qu'est-ce-qu'on en fait ?", sans ne jamais nous donner le moindre coup de main alors que, à ce moment là, même si fatiguée, elle était encore capable de cuisiner, de marcher, d'aider. J'avais beau lui expliquer que si nous faisions tout cela, c'était pour elle et uniquement pour elle, pour lui permettre de rester à la maison, de ne pas être obligée d'être hospitalisée, rien n'y faisait. 

A bout de nerfs, et alors qu'elle m'invectivait avec violence pour la xième fois de ces trois jours "je me demande où tu as été elevée pour te comporter ainsi, tu n'es qu'une gaspilleuse, tu ne sais pas ce que c'est de gagner de l'argent, ce n'est pas moi qui t'ai élevée..." sans répondre à mon qu'est ce qu'on en fait à un tas de chiffons totalement usés et déchiquetés par les ans, je lui ai vertement répondu aussi méchamment qu'elle m'avait parlé que "moi, effectivement, je n'avais qu'un seul et même visage, que je n'avais ni face sombre, ni cadavre planqué dans un placard, que j'étais celle que j'étais, et qu'heureusement qu'elle n'avait pas été seule, oui, pour m'élever, que mes valeurs n'étaient vraiment pas les siennes..."

Avec du recul, je pense qu'elle n'a rien compris à cette phrase qui m'a permis de vomir, alors, tout ce ressenti, toute cette incompréhension, et, peut être plus encore, toute cette injustice qui m'étouffait.

Merde ! Ma mère allait mourir dans quelques mois, j'allais devoir l'accompagner toute seule et je savais, d'avance, que ce ne serait pas facile avec son tempérament... et j'apprenais, au même moment, que j'avais peut-être un frangin ou une frangine planqué.e quelque part...

Ces samedi 7, dimanche 8 et lundi 9 novembre 2020 auront été, assurément, parmi les jours les plus difficiles de ma vie.

Le dimanche soir, j'ai commencé à dire à que jeudi, nous repartions, que j'avais besoin de rentrer chez moi. L'Homme dont je partage la vie n'était évidemment pas d'accord puisqu'il s'était mis en tête de faire la chambre lui-même, électricité, rebouchages et peinture. Non seulement je me battais contre ma mère mais il allait, aussi, falloir me battre contre lui. La seule chose qui me faisait tenir était de me dire que j'allais sortir de ce cauchemar, et comptais les jours et les heures qu'il fallait encore tenir avant de retrouver mon chez moi, voire me retrouver moi afin d'essayer de mettre de la distance entre moi, et toute cette sordide histoire.

Vous connaissez les sept phases du deuil ? Je continuais à me dire que ma cousine était peut être allée un peu vite en besogne, que quand même, à 54 balais, j'aurais bien su quelque chose avant... Et puis je regardais ma mère et me disais que personne n'était capable de taire un tel pan de sa vie pendant, au moins, 55 ans (j'en avais 54 à ce moment là...)

Le choc et la colère étaient mes amis les plus sûrs... sans toutefois parvenir à entrer de pleins pieds dans le déni... Le "il n'y a pas de fumée sans feu" fonctionnait en plein... 

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Commentaires
L
Pas moyen de faire à son envie et de laisser l'Homme ?
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C
Comme tout est difficile quand la principale intéressée des changements, modifications, les refuse de toutes ses forces et sabre votre travail.<br /> <br /> En dehors du tri et rangement, votre esprit était -sûrement en grande partie- occupé par les questions soulevées par la bombe posée par ce que vous aviez appris de la médecin et votre cousine la veille.<br /> <br /> Je comprends votre besoin de rentrer à la maison afin de vous retrouver, vous protéger et en plus l'homme dont vous partagez la vie ne vous soutient pas.
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M
Même si je connais la suite j'ai hâte :)
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