"D'autres vies que la mienne"
Lorsque je dus arrêter mon moteur et couper la radio en arrivant sur le parking de l'entreprise, en ce lundi 16 mars, je pestai de devoir interrompre cet Esprit Critique du beau Vincent Josse qui recevait Emmanuel Carrère pour son nouveau bouquin.
Un truc obsessionnel m'avait alors assaillie : acheter ce livre, sans délai et me plonger dedans.
Pour ceux qui suivent, c'était la semaine horribilis, et si le lundi midi j'avais couru dans ma librairie préférée, j'ai mis quelques jours avant de pouvoir ouvrir ce livre. Sauf que ce bouquin, quand tu l'ouvres, c'est mort, tu ne peux plus le refermer. Non que l'intrigue soit palpitante, d'ailleurs il n'y a pas vraiment d'intrigue, mais simplement que ces deux histoires ainsi narrées te prennent aux tripes, t'entraînent et ne te lâchent plus.
A deux/trois moments, les yeux s'emplissent de larmes tant l'émotion est naturelle et difficile à contenir. Pas de fioriture dans l'écriture, tout dans la sobriété, dans la simplicité, dans l'émotion. Pas de condescendance, pas de langue de bois, pas de politiquement correct... juste des faits, des mots, de l'humanité. Ce livre est sobre, pudique alors que tout dans le sujet se prêtait au voyeurisme.
Et quelle belle leçon de vie... même si ce livre parle de mort.
Ce livre refermé, longtemps après des interrogations toutes personnelles qui continuent à arriver : ma propre angoisse vis-à-vis de la mort... la dernière respiration de mon grand père... mes fêlures et ressentis ô combien intimes que je n'aborderai pas ici mais qui ont résonné dans certains passages.
Et puis me dire que moi aussi, tiens, j'aimerais, comme Juliette, au moment où ma vie basculera, être serrée dans les bras de l'homme que j'aime.
Non, ce livre n'a pas fini de résonner au plus profond de moi et de me faire réfléchir...