"Va chercher ta réponse, qu'est-ce que tu risques ?"
Elle a tout essayé... C'était la sixième semaine qu'elle coupait les cheveux en quatre, analysait, disséquait, interprétait... Elle avait bien essayé, ce jeudi soir, de le pousser au fond de ses retranchements. Elle revoit encore sa tête lorsqu'elle répondit à son "tu prends un thé ?" par un "non, de l'alcool, j'ai besoin d'alcool, je prends un Lillet". Il avait donc commandé un Lillet, blanc, et un thé, pour lui... un thé dont elle but plus de la moitié dès lors qu'il ne sucra pas la deuxième tasse, sous son regard bienveillant.
Lorsque son portable sonna de cette sonnerie si caractérisée, elle se mit à trembler comme une feuille, de tous ses membres, sa gorge s'assécha d'un coup, et elle ne put ni répondre, ni parler, ni émettre le moindre geste. Tétanisée, elle laissa la sonnerie aller à son terme, sans décrocher.
Il ne laissa pas de message.
Elle le rappela lorsque ses idées se furent remises en place et que les tremblements cessèrent. Elle prit une grande inspiration, regarda une dernière fois sa photo s'afficher sur l'écran le temps qu'il réponde. Il répondit vite. Elle sentit qu'il était occupé ; elle comprit cependant qu'il prendrait le temps qu'il faudrait.
"Pierre, il faut que je te dise la vérité. Je te mens, non ça ne va pas du tout..." Il la laissa continuer, ainsi, longtemps, sans ne jamais l'interrompre. Il lui laissa le temps de reprendre son souffle, et lorsqu'il comprit qu'elle avait terminé, il prit son inspiration et commença à répondre. "Non, ce ne serait pas bon, ni pour Toi, ni pour Moi. Pas bon du tout."
Ils parlèrent, parlèrent, parlèrent. Les mots tant attendus furent prononcés, pas tous bien sûr, il en refusa certains, mais les mots essentiels furent dits. Elle avait tant pleuré avant, qu'aucune larme ne coula. Ils étaient l'un et l'autre paisibles. Elle lui dit de façon abrupte : "facilite moi les choses, engueulons nous". Elle l'entendit sourire. Elle le chercha sur un point, puis un autre, et enfin un autre qui auraient pu déclencher l'engueulade tant attendue. Alors Il lui avoua, doucement, qu'Il n'avait pas la moindre envie de se disputer avec Elle, qu'ils s'étaient trop disputés, que c'était ça, qui les avait tués, et qu'Il le regrettait sincèrement.
Et ils continuèrent ainsi, pendant plus d'une demi heure, à tout mettre par terre, les bons comme les mauvais moments.
- "Alors tu préfères rien à un petit peu ?
- Oui, je ne peux plus tout, alors je préfère rien.
- Je ne comprends pas
- On ne saurait pas faire un petit peu après ces six mois.
- Tu ne veux plus tout, Pierre, ce n'est pas pareil
- Non Chérie, non, je ne peux plus tout... Je l'ai compris maintenant. J'ai mis plus d'un mois pour le comprendre."
Son mot de la fin fut "si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle moi, n'hésite pas, je serai là et j'espère que dans quelques temps, nous pourrons nous revoir, que ce sera moins difficile. Je t'embrasse..."
Elle ne répondit rien d'autre qu'un "moi aussi", et raccrocha, infiniment triste et en même temps presque soulagée.
Maintenant, le champ de ruines que cette Histoire a mis au jour, il va bien falloir le considérer et en tenir compte. Mais ça, c'est une autre histoire... Un déclencheur, qu'Il a dit... "rien d'autre qu'un déclencheur, n'importe qui aurait pu l'être. Je ne suis pas exceptionnel..." Et pourtant, s'Il savait tout ce qu'il a révélé...
La reconstruction pouvait, peut être, commencer à s'opérer.
Comment remercier mes Béquilles, si chères, qui m'ont portée, pendant ces six semaines ? Comment ?
C'est si important l'Affection, l'Amitié, vous savez... si important...
Ce sont ces moments que je ne pourrai, jamais, oublier...
Le 2 décembre 2009, souvenir d'un 'tit déj HEUREUX sur une terrasse à Canet...
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